Je n’ai pas l’impression de vieillir. Je ne mûris pas. Chaque année qui passe n’est qu’une épine de plus qui s’enfonce dans ma chair et l’attendrit. Déjà je décline, et retombe en enfance.
Mais bon, je me dis aussi souvent que je force le trait, que je devrais arracher mon regard de moi-même – bien souvent, je ne vois pas plus loin que le bout de ma peine.
Toutes ces lettres que j’ai tapées, sur mon clavier ou dans mon téléphone, que j’ai pu tracer dans des carnets, j’aurais pu les agencer différemment, pour raconter des histoires merveilleuses ou décrire de belles choses qui m’entourent. Mais ça m’est toujours difficile, et je ne sais pas très bien pourquoi. C'est toujours la même chose : soit c’est beaucoup trop pour moi et je me retrouve comme écrasé devant l’immensité de ce que je veux exprimer ; soit c’est rien du tout : le VIDE.
(Le vide qui pourtant, peut-être lui-même une très bonne source, pour peu qu’on accepte de plonger dedans).
Rien – du – tout : une partie de l’ensemble – une partie qui n’existe pas… quelle langue étrange. Langue natale, étrangère.
⋆♱✮♱⋆ rédigé entre juin et août 2023 ⋆♱✮♱⋆
L’esprit se tord au rythme de son environnement Dans la chaleur enivrante Nous suffoquons Et ne savons plus penser L’été ne sera plus Que du travail à des fins opaques Que du chagrin pour bourgeois pâlots Une lente et longue glissade / Dieu merci il y a Des choses Immuables Les mazurkas de Chopin Dans la bibliothèque universitaire Alors que je planche sur Un truc de lEadErsHip ResPonSabLe ??????????? Il faut du sens en perfusion Pour ne pas s’étouffer dans le sable Comme ces Mazurkas de Chopin Qui glissent de mes oreilles à ma gorge Au fond de la Bibliothèque universitaire Il faut du sens en perfusion De la lumière de la lumière Des étoiles et des drapeaux
dont trust me i will abandon u i’m not worthy of any love i feel i just deserve to be blinded by absolute divine light and drown in heavenly noise idk what are God’s plans for me yet idk anything but please don’t trust me
"En voyant quelquefois les friponneries des petits et les brigandages des hommes en place, on est tenté de regarder la société comme un bois rempli de voleurs, dont les plus dangereux sont les archers préposés pour arrêter les autres."
Chamfort, Maximes et pensées.
La police tue.
On l'entendait déjà depuis des décennies, on le savait, mais c'est devenu bien plus palpable en cette année 2023, surtout pour celleux de ma génération, qui étions trop jeunes encore en 2005 pour comprendre ce qui se passait dans ce pays.
Ma pensée va vers tous ceux qui sont tombés sous les coups de flics, aux mutilés et aux blessés, à ceux qui résistent toujours. La situation est de plus en plus inquiétante, pour nos droits, ceux de nos ami·es, de nos camarades, de nos concitoyen·nes. J'ai le sentiment que l'autoritarisme et la réaction gagnent dangereusement du terrain partout, dans les discours publics, dans la bouche des responsables politiques, autour de nous. Les angoisses racistes et homophobes se crispent et s'amplifient chez beaucoup, et dans le même temps on assiste à une destruction lente et systématique des différences tout comme des identités, de ce qui constitue l'existence de nombre d'individus. En France comme dans le reste du monde les fantasmes sécuritaires sont de plus en plus présents, des lois sont votées pour appuyer ce scénario d'une "menace", on tente de faire reculer encore et encore les droits des personnes non blanches, des personnes LGBT, de tout ce qui les gêne.
2023 est l'année du grand clivage. Des grands soubresauts. L'année du virage. Depuis quelques mois, tout le paysage socio-politique de ce pays se redessine et nos angoisses se font plus palpables. La tension ne cesse de monter, et nos luttes à venir se dessinent avec une netteté éclatante. L'avenir sera brûlant. C’est la fameuse théorie de Moïse annoncée par Pas Dühring : la mer rouge-brune se sépare en deux, toute confusion (idéologico-politique, s’entend) se dissout. Nous assistons à la partition des eaux, nous y voyons un peu plus clair. Tout se redessine. Les prochains mois vont être cruciaux. Je tâche de me former, d’être prêt·e. La stabilité mentale est importante, mais il faut aussi savoir être présent·es sur le terrain, pour défendre nos points de vues. Je n’en suis pas trop capable, pour le moment j’apporte surtout le soutien que je peux (moral/psy et financier) à celleux qui sont sur le devant de la scène. Mais tout est appelé à se crisper, de tous les côtés. Il faudra se serrer les coudes et tenir bon.
Et dire que c'est dans ce monde là que nous sommes nés, c'est maintenant que nous arrivons à l'âge des découvertes - il nous faut nous explorer nous mêmes alors que tout ce qui nous entoure se consume.
As above, so below.
⋆♱✮♱⋆ jamais tout à fait conscient·e ⋆♱✮♱⋆
J'ai vu mardi dernier, avec les parents, le dernier Dupieux, Yannick . Ce n'est peut-être pas son film le plus ambitieux, le plus "grand" en termes de moyens techniques ou de construction du scénario, mais c'est absolument sans aucun doute l'un de ses meilleurs. Particulièrement subtil - moments drôles - la fin m'aurait ému aux larmes si j'étais capable de pleurer. Raphaël Quenard interprète son rôle à la perfection. Discours sociologique très important dans le théâtre, le ramener à la réalité des situations - portraits des uns et des autres, pour une fois, très réaliste. Manque cruel d'affection et de repères du personnage de Yannick, tout résonne évidemment bcp avec la situation sociopolitique actuelle. Ce vieux bourge au fond de la salle qui se plaint du temps perdu est parfait, et pas sans évoquer ce véritable vieux bourge qui, pendant les grèves contre la réforme des retraites, s'était offusqué de ce que quelques comédiens portent leurs revendications avant une représentation, en s'exclamant : "Pas de politique au théâtre !" Tant pis pour Eschyle, Aristophane, Plaute, Molière, Beaumarchais et Brecht.
Blanche Gardin et Pio Marmaï sont bons dans leurs rôles également. Mais Raphaël Quenard est juste parfait.
J'aime bien Dupieux, même si c'est inégal. J'étais content·e de pouvoir inviter mes parents pour voir celui-ci - la semaine passée, j'avais essayé de leur montrer Fumer fait tousser , mais j'avais complètement oublié les scènes assez trash du film ; il a fallu que je voie mon père tout pâle, se cachant les yeux, pour finalement décider de zapper la scène.
Je suis content·e qu'ils aient quand même apprécié le reste, qu'ils aient voulu aller voir son dernier, et que ça leur ait plu autant. Je n'avais pas entendu ma mère rire autant depuis longtemps, pour être honnête.
De tels moments sont rares, la plupart du temps on est restreints à un statu quo timide, à une hypocrisie prudente pour interagir et coexister. Il faut profiter de ces quelques moments de partage sincère : j'essaie de valoriser autant que possible ce que je peux partager, puisque la plupart des aspects de mon existence sont de l'ordre de l'indicible auprès d'eux.
⋆♱✮♱⋆ toujours hors du temps ⋆♱✮♱⋆
30/07 : Passé une semaine dans la maison familiale, l’étrange demeure familiale avec ses odeurs et ses souvenirs… je n’y suis jamais vraiment à l’aise. Sans trop savoir pourquoi, ou sans me l’avouer.
Toujours étranger à moi-même et aux miens.
L’argent tue. L’air tue. L’âme tue. Le silence et le bruit tuent. Les autres tuent.
J’ai passé une semaine dans la maison familiale, dans le vaucluse - quelques jours à attendre on ne sait quoi, dans le brouhaha des cigales. A lire Monsieur Ouine – encore un livre visqueux, étouffant, que j’ai achevé non sans peine dans le ouigo (et à grands renforts d’anxiolytiques, pour supporter aussi bien la fange du texte que la laideur du couple assis devant moi) qui me ramène vers Paris ce trente juillet. Le style de Bernanos est lourd, contondant, il m’a piétiné la rétine et secoué la cervelle. J’ai pas tout compris mais je crois que c’est bien assez. J’en ressors tout hébété. Je sais que ça va me coller à l'esprit de longues semaines, comme jadis Sous le soleil de satan, ou Kafka, ou L’ombre des forêts…
Il va me falloir reprendre le travail demain ; je ne suis même pas sûre de quoi cet après-midi sera fait.
Quel jeu étrange, tout cela !
Que le silence est absent !
⋆♱✮♱⋆ j'ai vu une pub pour des tacos aux mac'n'cheese / une vieille qui ressemblait à Antonin Artaud / et vous croyez encore que c'est réel, dehors ? / qu'on n'a pas déjà tous disparu ? ⋆♱✮♱⋆
Je me suis rendu·e début août (le 5 je crois) à la Baudrière à une soirée en soutien aux personnes trans en Russie. C'était la première fois que je mettais les pieds dans ce lieu, et surtout la première fois que je me retrouvais dans un événement queer à proprement parler. Je ne sais pas encore trop qui je suis, mais je sais que j'ai ma place dans ces espaces. La soirée était intense : j'ai écouté la fin de la table ronde, avec des discours vitaux de Lexie et Sasha. J'ai retrouvé C et F, ça m'a fait vraiment plaisir de les retrouver là-bas, ainsi que A avec qui nous avons beaucoup parlé (elle m'a dit qu'elle était en train de regarder Evangelion et que cela la touchait particulièrement, ça m'a donné envie de m'y remettre, surtout avec le nouveau regard que je pourrais y porter. A y voit beaucoup de symboles sur l'identité de genre et la quête de soi que je n'avais pas forcément remarqués, ça m'a donné envie de m'y remettre.) On a assisté à une performance qui m'a vraiment ému·e aux larmes. Toute cette soirée m'a vraiment confirmé mon existence s'oriente dans la bonne direction, car je trouve de plus en plus de lieux et d'espaces qui me mettent en confiance ; mais ça m'a surtout rappelé la nécessité de s'engager, de continuer à s'affirmer et de défendre nos identités, de militer au moins un minimum...
D'autant plus que c'était aussi la dernière fois que j'allais à la Baudrière, qui a été expulsée le 26 août. Il faut vraiment se faire entendre, chacun à sa manière, mais il faut être là, en cette période où se multiplient les offensives contre les personnes queers et précaires.
⋆♱✮♱⋆ Id give my body to satan / if I could only keep my soul / but I can't seem to find the split / between them anymore ⋆♱✮♱⋆
parler de loyola, la tape à venir / évolution du son, j'ai des trucs qui dorment sur mon dd mais jsp quoi en faire, jsp comment sortir tout ça, jsp si je vais faire un bandcamp / peut être sortir en tape / là maintenant on arrive à la fin de l'été, je suis affreusement en retard sur tout, l'angoisse me dévore, je dois tenir bon pour ne pas sombrer / mais tranquille ça va le faire / plaisir de s'installer à Grenoble / on va tenter / de tout recommencer
31/08 : j'ai fini mon alternance et ça fait tout bizarre, maintenant il me reste à finir le mémoire en quelques jours et pour couronner le tout j'ai le covid.. j'ai plus aucune énergie, il va falloir tenir et passer cette étape, je suis assez confiant·e pour la suite. Flemme de rédiger la fin de cette page, on va la publier telle quelle et avancer, je crois que j'aurai encore tout plein de choses à raconter et à montrer les prochains mois : il faut préparer les prochains chapitres. ♥
أهوى القمر يسكرني ضياه وأقضي طول الليل وياه
يخلي قلبي فى نشوه والدنيا همس ونجوى
يخلي قلبي فى نشوه والدنيا همس ونجوى