géhenne : dysphorie fatale

avant-propos

I4M SO BAAAACKKKK!!§!! hiiiiii
J’ai eu du mal à revenir, parce que je ne savais plus par quoi commencer. Mine de rien, il s'est quand même passé des choses pendant ces presque neuf mois d'absence... Je vais essayer de faire un petit débrief des choses de l'intérieur, donner un peu mon avis sur les choses de l’extérieur, et recenser les quelques bouts de « journal » qui sont intéressants. L’effondrement continue, en bonne et due forme.
En quelques jours, on a vu se dérouler tellement d'événements. La timeline est vertigineuse. Mon inquiétude grandit, en même temps que mon indifférence, c'est un sentiment assez indescriptible.
De mon côté, j’ai un peu sombré dans les limbes, depuis quelques jours : des journées entières passées à scroller, comme si je voulais avoir une expérience concrète du vide.

ces derniers mois...

Je me permets de balancer des petits passages de mon ptit carnet, si par aventure quelqu'un voulait un aperçu ce qui a pu se passer dans ma tête ces derniers mois. C'est pas forcément intéressant.

22/07/
Nouveau carnet : nouveau cycle.

Bien entendu c’est pas la première fois que je fais cela, donc je me méfie ; mais j’ai le sentiment d’entamer un nouveau périple : celui que je rêve de faire depuis des années.

Ta vieille peau
Se décolle peu à peu
Sous le soleil du doute
Ma soeur ! Sache que
Tu ne seras plus
Seule.

Tout ce qu’on se dit…

26/07
La confusion et la douleur sont toujours aussi grandes. L’espoir l’est tout autant ; pour mon destin individuel tout comme pour notre monde (social, politique, climatique). Le présent est un tissu de souffrances mais l’avenir est à) nous.

27/07
Toujours le sentiment d’être au bord du gouffre quand on me demande mon prénom.

06/08
Je me rends compte qu’il me faut tout dater. La moindre publication, le moindre dessin, la moindre mélodie. Je retrouve trop de choses sans ancrage, comme flottant dans une mer agitée de souvenirs. Tout est confus dans mon esprit. J’aspire peut-être à une existence plus rangée, où le courant m’entraînerait moins dans les bas-fonds ; pour cela, il faut commencer par ranger ce que je laisse dans mon sillage.
Cela nécessite aussi une discipline, dans mes tâches et mes fréquentatons, dans le rythme qui pour le moment n’est pas le mien : je suis l'écho de tout ce qui m’entoure et j’ai peu à peu perdu toute substance propre. Pour me retrouver il faut émettre à nouveau un rythme et une fréquence qui me sont propres, et commencer à faire résonner mon environnement direct à mon propre diapason.
Je me perds un peu dans les images ici, mais tant pis.

11/08
En silence, tu regardes la lumière décliner. Tu ne parles plus. Tu les écoutes. Quelque chose plane sous le plafond.
Tu la cherches du regard dans la foule étoilée : la gardienne de ton identité.

26/08
Sorti ce petit EP qui représente bien ce que cet été éprouvant est pour moi. Toujours la même somnolence. Journée de repos qui est passée trop vite.
J’ai si hâte de finir ce CDD…
Je ne sais pas encore très précisément ce que je vais faire ensuite, mais il y aura beaucoup de musique. Publier ça aujourd’hui m’a remotivée.

27/09
[…] Ce soir, j’ai envie de faire une nouvelle liste de résolutions.
J’en imagine et j’en écris tellement que cela pourrait être un genre à part entière. La liste d’espoirs lointains, comme d’autres font des dictionnaires, des almanachs, des encyclopédies.
Je regrette souvent d’avoir si peu de discipline. L’admiration mêlée d’angoisse que j’ai ressetnie, par exemple, à la lecture du Journal du jeune Gide m’est restée en travers de la gorge, et ne me quittera jamais.
Et pourtant, la discipline ne demande qu’à être instaurée, ça ne tombe jamais du ciel.
(Peut-être qu’il s’agit là d’une forme sournoise de virilisme ; à creuser).
En tout cas : à partir de cet automne/pour cette année scolaire, j’aimerais :

17/10
Que la vie est longue.
Longue dernière journée de cette formation à la con.
Long retour en tram, sans livre sur mois et sans batterie.
En face de moi s’est assis quelqu’un de magnifique, qui s’est penché pour me parler ; j’ai frémi en pensant aux scénarios les plus fous, mais c’était pour m’avertir que quelque chose dégoulinait de mon sac, que j’avais posé sur mes genoux : une bouteille de coca mal fermée… Je me suis exclamé « AH MERDE », avan de fixer le vide dans le plus grand des malaises.
Il reste bien dix minutes de trajet… Que c’est long quand on a envie de s’enterrer.
Plus que deux jours à carrefour.
Ensuite, du travail. La com pour l’asso, les zines, les cassettes à sortir, l’album et les concerts à préparer.
Tout est si long.

24/10
Départ pour 5 jours à xxx.
Ca va faire du bien.
Essayer de lire un peu plus, de moins scroller. ///
Grande torpeur. J’ai du mal à lire dans le train ; Pynchon, en plus ! Ai parlé avec A, qui m’a dit que je développais un syndrome de Stockholm pour le bouquin. J’aime bien l’idée. ///
Déchirer les nuages. En jeter les lambeaux, dans nos gueules avides d’éternité.
Nous sommes en quelque sorte les tous derniers rejetons du XXème siècle. Nous sommes jeunes. Avons-nous vraiment cru que la guerre avait cessé un seul moment ? Que l’histoire avait pris fin ? ///
A la gare d’Orange - lme train est incliné à 45° - des scouts descendent. Pourquoi personne ne réagit alors qu’on est presque à l’envers ? Que feraient des scouts à Orange ? Qu’on vienne pas me dire que tout ça est normal, qu’on n’est pas dans un océan de signes broyés.

02/12
J’ai l’impression d'être une anomalie - est-ce que ça vous fait ça aussi ?
Pas celle d’être un monstre, un freak, ou quoi que ce soit de ce genre, mais plutôt que rien de ce qui se passe ne devrait arriver, que cela n’a aucun sens qu’on soit en 2024 et toujours là, à faire comme si tout était comme avant
Aucun sens que je sois là
J’ai rasé mon crâne il y a trois jours, parce que j’en avais marre de mes cheveux, marre de tenter un truc qui semble inatteignable ///
Il y a quelques semaines, j’ai pris la décision solennelle de me résigner à l’existence, au placard - je resterai ce qu’on a fait de moi.
Je n’ai pas la force de changer les choses.
Mais aurai-je la force de rester à ce stade ?

07/12
Semaine pour le moins compliquée : mes lectures n’avancent pas comme je le voudrais, je me retrouve à nouveau assaillie par le manque d’argent. J’ai été submergée par l’anxiété la plus paralysante qui soit.
Je n’ai pas le droit de me plaindre, cela dit.
Moment très chaleureux hier soir : fondue avec A, B, S.
Cet aprem, nous nous sommes posés dans un café pour lire et écrire.
Un sentiment d’incompréhension subsiste néanmoins. L’existence est un grand mystère, qui ne va pas en s’éclaircissant.
Je dois impérativement trouver un rythme. Lire plus, dormir plus, me faire confiance. ///
Il faut que je dise aussi qu’en ce moment je suis en colère de voir ce que j’ai manqué et ce que j’ai gâché, parce qu’on ne m’avait pas informée, parce qu’ob a brisé tôt certaines de mes aptitudes. Je suis passée à cpité de tant de choses. J’aurais pu prendre le contrôle il y a bien longtemps, mais on a décidé à ma place. Il y a tant de choses à rattraper. Je suis enc olère, et cette colère pour une fois me motive. J’ai une direction - aussi vague soit-elle.
Au moins, je suis déterminée à tanker la dyspho, les angoisses, tout ça tout ça. A défaut de les résoudre, j’ai de quoi supporter ces petits inconvénients, et la rage de tout niquer pour atteindre une situation un poil plus stable.

Si toute l'histoire autour de l'assassin du CEO d'United Healthcare, Luigi Mangione, m'a fait comprendre un truc, c'est que nous sommes décidément dans l’ère de la memetique. Il y a quelque chose de fascinant là-dedans. J’ai lu son « manifeste », il dit pas grand chose, on sent qu’il a (trop) lu Kaczynski - on est à une époque de reproduction, d’intertextualité constante, tout est une référence à quelque chose d'autre, et devient une référence. Pour ce qui est de l'inspiration et de la démarche de cet acte, j'en tire deux réflexions partiellement opposées : 1) l'auteur n'est pas clairement identifié politiquement, ce qui fait la force du symbole, parce que des gens de tout bord l'acclament, et la solidarité de classe prime sur tout le reste. (Oui, "classe" au sens le plus large, une solidarité est exprimée avec un enfant de bourge qui se rebelle contre le système dans lequel on l'a poussé, c'est ça aussi qui est fort) 2) C'est dommage que ce genre d'actions marquantes s'inscrivent toujours dans une perspective néo-luddite kaczynskienne post-incel avec un soupçon de cryptobro en bonus, bien loin d'une compréhension globale de l'ensemble des mécanismes qui motivent le système dans lequel nous vivons. Et en même temps c'est inévitable, puisque c'est des actions isolées, qui ont une haute portée symbolique mais peut-être moins d'impact réel qu'un travail militant de fond.
Et puis ça s'est très vite transformé en spectacle, les memes ont fusé très tôt, et même si ça m'a fait marrer aussi, c'est vite gênant de voir des milliers de personnes baver sur ses mugshots dans des posts insta et des commentaires facebook.

Déchirer un à un les voiles de dopamine Se heurter à l'air froid du dehors j'essaie de m'effacer peu à peu

du soleil un matin dans ma chambre - novembre 2024
Avec les copaines, on a commencé à travailler sur un zine. Ca s'appellera LES MONSTRES ONT FROID. Vous y trouverez des poèmes, des nouvelles, des petits bouts de nos vies, des gribouillages. Le processus est pénible mais salvateur.
Avec les copaines, je vais jouer à un événement génial, ce sera le 19 janvier au 102 Je jouerai avec Lucy la best, sous le nom de Mydriase Je stresse mais ça va être trop trop bien Merci à Manolo pour l'orga, à Elliott et Thomas pour l'affiche, au 102, à Lucy, tout ça

j'ai fait des ptites maj -notamment livre d'or, n'hésitez pas à laisser des petits mots gentils ou à me dire ce que vous pensez

C'est probablement la dernière page de ce journal/"webzine", je veux dire sous le format d'une parution, par numéros, comme une revue. Parmi les résolutions que j'ai prises pour 2025 (il y en a de cruciales dans le lot, dont vous entendrez peut-être parler dans un futur lointain), il y a celle de limiter mon temps sur les réseaux sociaux mainstream (et freiner un peu l'inévitable processus de brainrot ), pour concentrer mes efforts ici. Je posterai davantage, plus souvent, et probablement d'une manière plus spontanée ; je suis encore en train de réfléchir à la manière de procéder.

J'ai eu un petit passage à vide, dirons-nous, ces derniers jours ; et instagram a été, non pas un moyen de supporter ma peine, mais bien plutôt une voie d'autodestruction (quoique, les deux ne s'excluent pas). Comme dans une version très édulcorée de Leaving Las Vegas, j'ai choisi consciemment de m'enfoncer dans le défilement sans fin des petites vidéos, histoire de bien frire mes neurones. J'ai quand même atteint des petits records, avec quelque chose comme 8h d'utilisation certains jours... J'aimerais éviter cela, à l'avenir ; mais comment s'y prendre ? Bizarrement, je ne peux pas me résoudre à supprimer totalement encore l'application, c'est utile pour certains trucs, et en plus on va sûrement créer un nouveau compte pour la com de loyoloyolo. Mais c'est inextricable de la partie brainrot. C'est un défi particulièrement ardu que d'essayer de se discipliner, et comme le disait quelqu'un sur un post reddit sur le sujet, c'est sûrement une cause perdue face à des corporations qui, précisément, ont mis au point cette interface pour capter au maximum l'attention des utilisateurs, avec le conseil avisé de psychologues et d'experts en tout genre.