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MAI MMXXIII
GALERIE DE FELURES

Avant-propos

Enfin. J’ai quitté l’ombre de mes rêves – et c’est presque tout à fait serein que j’avance vers un but que je ne connais pas. Voilà, sous vos yeux ébahis, ma sept-cent-soixante-dix-septième métamorphose. Je suis désormais tout à fait convaincu de mon impermanence. Mortel parmi les mortels, je suis d’autant plus éphémère que je meurs tous les trois mois. Je ne cesse de changer – j’ai la confusion dans le sang. J’ai toutefois passé trop de temps à me demander qui j’étais, alors que la réponse est sous mes yeux : je suis celui qui n’est pas lui-même, je suis celui qui change sans cesse. Comme un poulpe, qui change de couleur, de forme et de texture lorsqu’il se sent menacé ou qu’il rêve. Comme une chenille, dont le corps se désintègre intégralement dans sa chrysalide, avant de se reformer en papillon.
Comme… « moi ».

Ressortir un carnet un stylo
et surtout cette petite voix égarée cette hargne
ouvrir la vanne des égouts
seul moyen de grandir peut-être
de ne pas mourir assurément

Je ne sais décidément où je vais. Je sais qu’il faut que je continue ce blog. Au diable la régularité, je ferai juste des « numéros » quand ça sera pertinent, ça sera beaucoup plus simple. Je vais aussi créer une page dédiée aux projets sonores, particulièrement à mon nouvel alias, Loyola.

₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊ je vais finir par devenir expert en nausée ₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊

Petite mise au point sur mes projets musicaux

La Nuit Qui Tombe , c’est définitivement terminé.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont pris le temps d’écouter et que ça a pu toucher, tous ceux qui m’ont soutenu, aidé ; tous les artistes et labels qui ont bien voulu m’aider : Mai 12, Tryphon/Orgue Nouveau, Le Tombeau des Muses, Solar Asceticists, Idio[t]phone, Brümes.
L’ultime cassette de ce projet vient de sortir : Le sens du tragique , que j’avais enregistré et publié initialement au début de l’année 2019, il me semble. C’était un album très important pour moi, et je suis particulièrement heureux qu’il ait pu voir le jour.

Maintenant, je vais tracer ma route sous le nom de Loyola . Je suis épuisé de la « scène », des réseaux sociaux ; je n’ai aucune envie de me battre pour ma place, de me crever à faire ma promotion à tout va.
« Je crois que je forme à moi seul un ghetto culturel ». Je suis ma propre scène. Je serai de même mon propre gardien, mon propre accoucheur – j’ai suffisamment de masques pour me suffire à moi-même, il me semble.
Toutes les informations nécessaires quant à ce projet seront sur ce site. Je vais essayer de trouver comment mettre mes prochaines sorties en téléchargement ici directement, et je mettrai également en place un mailorder. Je ne suis pas encore certain de créer une page bandcamp. Une première cassette est en gestation, et devrait voir le jour d'ici la fin de l'été.

Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de baptiser Loyola (dans le bruit et la honte) lors d’une excellente soirée au Holy Holster, aux côtés d’Ardente et d’Absolu. Il s’agit non seulement de deux projets musicaux que j’écoute régulièrement et que j’apprécie, mais également de deux personnes pour lesquelles j’ai beaucoup d’estime et de respect - et que je tiens encore à remercier infiniment. Un concert en petit comité dans un bar chouette, en bonne compagnie : c’était l’occasion rêvée pour que Loyola prenne enfin chair.
C’était également un espace où je me suis senti un peu moins jugé qu’ailleurs, un peu plus vivant peut-être – qui sait.

₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊ coincé dans une toile de mots / trimballé dans un cyclone d'images ₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊

Des lectures aux felures

Mon admiration pour Ursula K Le Guin ne fait que croître, après avoir lu Le Monde de Rocannon , La main gauche de la nuit , et commencé Orsinia . J’espère lire tout le Cycle de Hain , et toutes les miettes de son œuvre qu’il me restera encore à lire. Malafrena , qui fait partie de ses premières œuvres, est un peu plus rugueux que les autres de ses romans que j’ai eu l’occasion de lire, mais le style y est plus ample : elle semble donner un peu plus libre cours à sa plume que dans Terremer notamment, peut-être en raison du public à qui elle destinait chacune de ses œuvres. Toujours est-il que l’histoire est passionnante.

Je me rends compte de la difficulté que j’éprouve à parler de l’œuvre d’UKLG. Je ne sais si cela est dû aux émotions qu’elle provoque en moi.. ou simplement à mon esprit usé, qui lit péniblement et fait souvent montre de pannes d’inspiration, en ce moment. J’écris ces lignes dans le TGV Grenoble-Paris ; le soleil est tombé derrière l’horizon, et alors que s’éteignent les dernières lueurs du jour l’album Star Alliance de Varg résonne étrangement au fond de ma gorge. Mon âme se détache peu à peu de moi comme une peau morte que l’on arrache. Ce n’est pas désagréable, comme sensation. J’affectionne ces moments tout à fait irréels, où l’on s’étonne d’être toujours vivant, d’avoir réussi à tenir tout ce temps.

Vingt-cinq ans. Au sein de cette existence, peut-être dix ou quinze années de confusion totale, d’errance, d’angoisses et de joies profondes, d’euphories, d’extases. J’ai la confusion dans le sang. C’est pas près de s’arrêter. Mais si j’ai pu arriver jusqu’ici, je devrai bien pouvoir tenir encore un moment.

₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊ mon corps à des années-lumière de moi-même ₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊

Poeme sans titre - probablement ecrit durant l'ete MMXVI

Marcher sans paroles dans l’accompagnement des réverbères
Feu rouge – premier violon – maquillage d’ombres
Silence espion des rues, depuis toujours.
Pièce d’eau aveugle – nous franchissons la barrière
De ce temple d’air clos.
Les voix bondissent, roulent et retombent
Au rythme des doigts frémissants
Qui cherchent quelque chose
Nous repartons ensuite, insatisfaits,
Sous les lueurs jaunâtres.
Je me figure un désert sans lions
Rue du vieux Versailles
Et plus encore sur la
Vaste place d’armes.
Cette statue égarée
Dans cette mer morte -
C’en est presque ridicule.

₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊
De quoi parler ensuite ? des manifs ? de muslimgauze, de cette émission d’arte sur une djihadiste revenue, du Liban, de la Syrie, de mon envie de partir très loin ? d’interrails ? de Téhéran ? d’alcoolisme ? de harsh noise ? de gabber ? de cinéma expressionniste ou de philadelphia, du Tessin ou de Tristram Shandy ? Il y a tant de choses dans le monde que j’en ai le vertige, j’ai du mal à respirer, et je ne sais pas trop dans quelle direction aller, si bien que je n’écris plus rien et que je me tais. De toute manière le train va bientôt arriver à sa destination. Rien n’a vraiment d’importance.
₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊

31 mai 2023. Après avoir raté une journée et demie, je débarque (en retard bien évidemment) en cours : Gouvernance et performance des organisations . Tout cela me paraît complètement étranger ; j'avais réussi à intégrer la bulle, je commençais à me familiariser à cet étrange microcosme tentaculaire du management , mais voilà que je m'en retrouve à nouveau tout à fait expulsé. Je ne comprends plus grand chose et dans mon thorax grandit lentement une boule informe d'angoisse et d'asphyxie, alimentée évidemment par l'armée d'inquiétudes qui m'assaille (rendre tous mes travaux en retard, rédiger le mémoire et le rapport d'alternance, les examens finaux et le "grand oral", trouver un travail, faire le choix crucial de la ville qui décidera peut-être du reste de mon existence).
Peu importe. Tout cela va passer. Comme pour chaque angoisse, comme dans chaque mauvaise passe, je me dis toujours que le temps est un phénomène miraculeux, car un moment viendra où tout cela sera passé - quels que soient les choix et les actions que je ferai.

₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊ rallumer les feux au fond des yeux / sourire même sans oxygène ₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊

Quand même, j'ai de la chance - cesse donc d'être aussi ingrat.e, non mais ho. J'ai des ami.es très cher.es. J. m'a dit qu'il était heureux de me lire, qu'il me découvrait toujours un peu plus même si on se connaissait depuis 10 ans. A. et G. m'ont beaucoup soutenu quand j'étais dans la tourmente la semaine dernière. Je sais qu'iels sont là, pour moi ; moi qui ne suis jamais vraiment tout à fait ici, mais qui vais m'efforcer de rester tout de même. M. m'a dit que je lui faisais penser à la lune, à la fois proche et infiniment distant.e. Je n'ai pas cessé d'y repenser.
Je n'aime pas être comme ça, même là dans cette page j'ai le sentiment de m'étaler vulgairement, d'être terriblement égoïste. Ce n'est peut-être pourtant aussi que comme ça que l'on peut avancer. Seul moyen de ne pas mourir, assurément .

₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊ laisser l'âme-araignée tisser sa toile - dans le brouhaha de sa propre chair ₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊

"Il n'y a pas de ciel social au-dessus de nos têtes, il n'y a que nous et l'ensemble des liens, des amitiés, des inimitiés, des proximités et des distances effectives dont nous faisons l'expérience. Il n'y a que des nous, des puissances éminemment situées et leur capacité à étendre leurs ramifications au sein du cadavre social qui sans cesse se décompose et se recompose. Un grouillement de mondes, un monde fait de tout un tas de mondes, et traversé donc de conflits entre eux, d'attractions, de répulsions. Construire un monde, c'est élaborer un ordre, faire une place ou pas, à chaque chose, à chaque être, à chaque penchant, et penser cette place, la changer s'il le faut. A chaque surgissement de notre parti, que ce soit par une occupation de place, une vague d'émeutes ou une phrase bouleversante taguée sur un mur, se diffuse le sentiment que c'est bien de "nous" qu'il y va, dans tous ces endroits où nous ne sommes jamais allés. C'est pourquoi le premier devoir des révolutionnaires est de prendre soin des mondes qu'ils constituent. [...] Notre force de frappe est faite de l'intensité même de ce que nous vivons, de la joie qui en émane, des formes d'expressions qui s'y inventent, de la capacité collective à endurer l'épreuve dont elle témoigne. Dans l'inconsistance générale des rapports sociaux, les révolutionnaires doivent se singulariser par la densité de pensée, d'affection, de finesse, d'organisation, qu'ils parviennent à mettre en oeuvre, et non par leur disposition à la scission, à l'intransigeance sans objet ou par la concurrence désastreuse sur le terrain d'une réalité fantasmatique. C'est par l'attention au phénomène, par leurs qualités sensibles qu'ils parviendront à devenir une réelle puissance, et non par cohérence idéologique.
L'incompréhension, l'impatience et la négligence, voilà l'ennemi.
Le réel est ce qui résiste."

₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊ s'élever dans le déluge ₊☾˚ʚ♡ɞ˚☽₊

J'ai revu Limbes il y a deux semaines, au O'Sullivan. C'était, il me semble, la quatrième fois que je le voyais. Quelle émotion, encore une fois.

dans la brume - à contre-jour sur les projecteurs éclatants - une rumeur qui éclot - le sang qui se fige dans les veines --- le rideau de fer des guitares s'abat - et soudain - silhouette tremblante - le voilà
LE SEUL QUI VIT ENCORE.

En quelques instants, nous voilà emportés dans son élan, dans sa chute vers les étoiles. The light is leaving us all nous proclame David Tibet dans sa grande lucidité. Il nous faut poursuivre la lumière - quel que soit le chemin que cette quête nous fera emprunter.

LIMBES

Une semaine plus tard, j'ai eu le plaisir d'assister à un autre concert, aux Instants Chavirés cette fois : Triinu & Jeanne Gorisse / Nuit Noire / Méryll Ampe & Francisco Meirino. A mon agréable surprise, j'y ai retrouvé beaucoup d'ami.es : de ces ami.es que je ne croise pas souvent, mais que je suis particulièrement heureux de connaîtren et toujours ravi de retrouver. Et quelle joie de revoir Nuit Noire en live. Ses obsessions féériques, petit à petit, se sont fait une place en moi. Malgré les apparences, c'est une oeuvre tout à fait sérieuse que nous livre Tenebras : il nous replonge en nous-même et nous force à briser tous les murs que le temps nous a contraints à ériger, pour retrouver et raviver ces étincelles de notre enfance, occultées bien trop tôt.
Je ne connaissais aucun.e des autres artistes, si ce n'est Méryll Ampe dont j'avais écouté le passage sur l'émission L'Expérimentale , sur France Culture, mais dont je ne connaissais pas trop le travail. Triinu et Jeanne Gorisse nous ont offert une belle improvisation à la guitare et à la contrebasse. Beaucoup de paysages se sont esquissés dans mon esprit, au fil des ondes sonores, parfois douces et envoûtantes, parfois chaotiques et brutales. Quant au duo Ampe/Meirino, c'était absolument parfait. Bon, distrait comme je suis (et en pleine discussion avec A. et M.), j'ai manqué les premières minutes. Mais j'ai pu vite me rattraper et m'immerger dans ce grand bain de bruits et d'échos - fermant les yeux, oscillant légèrement la tête selon les vagues que cet orchestre concret suscitait.
Un grand merci à tous ces artistes fantastiques, ainsi qu'à Romain Perrot/Décimation Sociale pour l'organisation de la soirée, et merci également aux Instants Chavirés. Je l'avoue, j'ai un peu honte, c'était la première fois que j'y mettais les pieds, après 7 ou 8 ans à saliver devant leur programmation... Il est certain que j'y retournerai !

Triinu / Jeanne Gorisse / Nuit Noire / Méryll Ampe / Francisco Meirino / Décimation Sociale / Instants Chavirés

TOUTES LES PAROLES
SONT VOUEES A S'ETEINDRE
TOUTES LES PROMESSES
DESTINEES A ETRE BRISEES

♡ G D F ♡